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L’IA dans l’industrie de l’image : une transformation structurelle à ne pas manquer

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L’intelligence artificielle n’est plus un gadget futuriste ou un sujet de veille passive. Dans le cinéma, l’audiovisuel et le jeu vidéo, elle s’installe peu à peu comme un levier stratégique. Productivité, création, organisation : elle influence déjà chaque maillon de la chaîne de production. Mais derrière les promesses technologiques, se dessinent aussi de profondes questions artistiques, économiques et éthiques.

 

Une présence croissante, de l’écriture au montage

L’IA ne se limite plus à la postproduction ou à la génération d’effets spéciaux. Elle intervient désormais dès les premières étapes : analyse de scénario, budgétisation, planification de tournage. Des outils comme Filmustage transforment un script en plan de tournage en quelques clics. D'autres, comme Cuebric, proposent de générer des décors virtuels à partir de photos ou de prompts textuels. Même la modélisation 3D évolue avec des technologies comme NeRF (Neural Radiance Fields), capables de créer des environnements à partir de simples images. En effet, l’intelligence artificielle va, par exemple, reconstruire un décor en 3D à partir de quelques photos prises sous différents angles. L’algorithme analyse ces images pour estimer la forme des objets, leur texture et la manière dont la lumière se propage dans la scène. Le résultat : un espace virtuel réaliste que l’on peut explorer sous n’importe quel angle, sans passer par une modélisation manuelle.

La startup française Moments Lab (ex-Newsbridge), qui a levé 24 millions de dollars en 2025, développe un moteur d’analyse vidéo IA utilisé par des géants comme Amazon ou Hearst. Son objectif : extraire automatiquement des séquences clés ou générer des métadonnées pour les archives et la diffusion.

Ces usages dessinent une transformation structurelle : « L’IA ne remplace pas seulement des outils, elle reconfigure l’ensemble des métiers et la manière dont les contenus sont pensés », souligne Céline Tricart, réalisatrice et spécialiste des narrations immersives.

Une avancée précieuse pour le cinéma, où le temps et la flexibilité sont cruciaux.

 

Des gains d’efficacité, mais pas seulement

Il serait réducteur de voir l’IA comme un simple accélérateur de tâches. Oui, elle permet d’automatiser le sous-titrage, la traduction ou le clipping. Mais elle ouvre aussi de nouvelles voies créatives. Lors du AI Film Festival de New York en 2025, plusieurs courts-métrages ont été réalisés en combinant des scripts humains avec des images générées par IA (Runway, ChatGPT, Pika Labs…). Certains films proposaient même une narration évolutive : chaque visionnage donnait une version légèrement différente.

Ces expérimentations rappellent que la création peut être enrichie – et non dénaturée – par ces outils, à condition qu’ils restent au service du propos.

 

Une nouvelle manière de créer et de penser l’image

 

« Les écoles doivent apprendre à enseigner avec l’IA, pas contre elle », alertait récemment Justine Harbonnier, professeure à l’INA Sup.

Aussi, l’IA change également  la grammaire de la création visuelle. Avec des générateurs comme Midjourney ou Leonardo.AI, il est possible de concevoir un moodboard ou un storyboard en quelques minutes à partir d’un simple texte. Cela bouleverse la temporalité du travail, qui devient plus itérative, plus fluide.

Au lieu d’un processus linéaire – écriture, tournage, montage –, on peut passer par des allers-retours constants, tester, corriger, imaginer autrement. Cela demande de nouvelles compétences, mais surtout une révision des formations artistiques et techniques.

 

Des opportunités, mais aussi des inégalités et des risques

Toutefois, l’IA ne bénéficie pas à tout le monde de la même manière. Les grands studios, comme Disney ou DreamWorks, investissent déjà dans leurs propres outils propriétaires. Ils peuvent se permettre de former des équipes dédiées et de développer des IA sur mesure. À l’inverse, pour les petites structures, l’IA se limite souvent à quelques fonctionnalités intégrées à des logiciels comme Blender ou Adobe Creative Cloud.

Cette fracture technologique pourrait accentuer les déséquilibres dans le secteur, en particulier pour les studios indépendants. L’enjeu devient donc collectif : comment garantir un accès équitable à ces technologies, sans reproduire les logiques de domination déjà présentes dans l’industrie ?

 

Encadrer l’innovation : un impératif stratégique

 

L’essor de l’IA soulève aussi des questions de fond. Propriété intellectuelle, droit à l’image, consentement, transparence, impact écologique : les règles sont encore floues, voire inexistantes. L’IA Act européen pose un premier cadre, mais il ne répond pas à toutes les situations.

Aux États-Unis, les syndicats du cinéma (WGA, SAG-AFTRA) ont obtenu de premières garanties : droit de veto sur la reproduction numérique d’un acteur, obligation de transparence sur l’usage d’IA dans un script… Un début, mais encore loin d’un véritable contrat social autour de ces technologies.

Comme le résume le scénariste Charlie Brooker (créateur de Black Mirror), interrogé par The Guardian :

« L’IA peut écrire un script, mais elle ne sait pas pourquoi elle l’écrit. Elle n’a pas de mémoire, pas d’angoisse, pas d’ironie. Elle est un outil, pas une voix. »

 

Une révolution à apprivoiser, sans naïveté

L’intelligence artificielle est une chance, mais elle n’est pas neutre. Elle permet de produire plus vite, parfois mieux, mais elle redéfinit aussi qui décide, qui crée, et pour qui. Elle bouscule des modèles établis, donne de nouveaux pouvoirs à certains, en prive d’autres.

Le vrai défi, aujourd’hui, n’est pas seulement technique : c’est celui du sens. Que veut-on raconter ? Comment préserver l’humanité, la diversité, la fragilité qui font la richesse des œuvres visuelles ?

Saisir le moment, oui. Mais sans oublier que cette révolution redéfinit aussi qui crée, comment, et à quel prix. Derrière l’efficacité et la créativité annoncées, l’IA menace de fragiliser des métiers entiers et de renforcer les inégalités dans l’accès aux outils. Il ne s’agit plus seulement d’innover, mais de décider collectivement dans quelle direction faire évoluer nos industries de l’image, sans sacrifier la diversité des voix ni la vision humaine qui en est le cœur.


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