Du 13 au 24 mai 2025, la 78e édition du Festival de Cannes a une fois de plus transformé la Croisette en un carrefour mondial du cinéma, mettant en lumière des œuvres audacieuses et des voix émergentes. Sous la présidence de l’actrice française Juliette Binoche, un jury international composé de personnalités telles que Halle Berry, Leïla Slimani et Hong Sangsoo a récompensé des films qui interrogent notre époque et célèbrent la diversité des perspectives artistiques.
Le 78e Festival de Cannes s’est achevé sur une note bouleversante avec la consécration de Jafar Panahi, cinéaste iranien emblématique de la dissidence, qui remporte la Palme d’or pour Un simple accident. Réalisé clandestinement sans autorisation des autorités iraniennes, ce film est une œuvre à la fois politique et profondément humaine. Il met en scène Vahid, un ancien prisonnier qui croit reconnaître son tortionnaire parmi ses clients et décide de le confronter, dans une quête de justice et de vérité.
Panahi, interdit de tournage pendant des années et emprisonné à plusieurs reprises, a réussi à livrer un film poignant malgré les contraintes imposées par le régime iranien. Son œuvre, saluée pour sa puissance narrative et son engagement, a suscité des réactions internationales, notamment de la part de la France, provoquant une protestation officielle de l’Iran.
Le Grand Prix a été attribué à Valeur sentimentale de Joachim Trier, une comédie dramatique norvégo-franco-dano-allemande. Le film explore les relations complexes entre un père cinéaste en déclin et ses deux filles, confrontées à leur passé familial et à leurs aspirations personnelles. Avec une distribution remarquable, incluant Renate Reinsve et Elle Fanning, Trier offre une réflexion subtile sur la mémoire, l’identité et la réconciliation.
Le Prix du Jury a été décerné ex æquo à deux films audacieux : Sirât d’Oliver Laxe et Sound of Falling de Mascha Schilinski. Sirât est une odyssée sensorielle à travers le désert marocain, mêlant spiritualité et modernité, tandis que Sound of Falling offre une exploration poétique des traumatismes intergénérationnels féminins. Ces deux œuvres témoignent d’une volonté de repousser les limites narratives et esthétiques du cinéma contemporain.
Le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho a été récompensé pour L’Agent secret, un thriller politique se déroulant dans les années 1970 au Brésil. Le film, qui met en scène Wagner Moura dans le rôle principal, revisite une période sombre de l’histoire brésilienne avec une mise en scène maîtrisée et une tension palpable. Cette œuvre souligne l’importance de la mémoire historique et de la résistance face à l’oppression.
Nadia Melliti, étudiante française d’origine algérienne, a été couronnée pour son rôle dans La Petite Dernière de Hafsia Herzi. Dans ce film, elle incarne Fatima, une jeune femme musulmane confrontée à sa sexualité et aux attentes de sa famille. Sa performance, empreinte de sincérité et de force, a également valu au film la Queer Palm.
Wagner Moura a reçu le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans L’Agent secret, où il incarne un journaliste engagé dans la lutte contre la dictature militaire brésilienne. Sa prestation intense et nuancée a été saluée par la critique.
Les frères Dardenne ont été récompensés pour le scénario de Jeunes Mères, qui suit le parcours de cinq adolescentes dans une maison maternelle. Le film explore avec délicatesse les défis de la maternité précoce et la solidarité entre femmes. Tourné en 38 jours, ce long-métrage témoigne de la capacité des Dardenne à renouveler leur approche tout en restant fidèles à leur engagement social.
Le réalisateur chinois Bi Gan a reçu un prix spécial pour Résurrection, un film qui plonge le spectateur dans un monde où les rêves et la réalité se confondent. Avec une esthétique soignée et une narration énigmatique, cette œuvre interroge la nature de la perception et de la vérité.
Au-delà de la compétition officielle, les sélections parallèles telles que Un Certain Regard, La Cinef et les prix techniques ont mis en avant des talents prometteurs et des œuvres innovantes. Des récompenses comme la Caméra d’Or pour The President’s Cake de Hasan Hadi et le Prix CST de la Jeune Technicienne de Cinéma pour Éponine Momenceau soulignent l’importance de soutenir les nouvelles voix du cinéma mondial.
Un Certain Regard : diversité et engagement
La section Un Certain Regard a mis en lumière des œuvres audacieuses et engagées. La Misteriosa Mirada del Flamenco de Diego Céspedes a remporté le prix principal, tandis que Un Poeta de Simón Mesa Soto a reçu le Prix du Jury. La meilleure réalisation a été attribuée aux frères Nasser pour Once Upon a Time in Gaza, un film poignant sur la vie dans la bande de Gaza. Les prix d’interprétation ont été décernés à Frank Dillane pour Urchin et à Cleo Diára pour Le Rire et le Couteau.
La Caméra d’or, récompensant le meilleur premier film, a été attribuée à The President’s Cake de Hasan Hadi. Cette œuvre, saluée pour sa fraîcheur et son originalité, marque l’émergence d’un nouveau talent prometteur dans le paysage cinématographique international.
Dans la catégorie des courts métrages, la Palme d’Or a été décernée à I’m Glad You’re Dead Now de Tawfeek Barhom, un film poignant explorant les thèmes de la perte et de la rédemption. Une mention spéciale a été attribuée à Ali d’Adnan Al Rajeev, salué pour sa narration innovante et sa sensibilité artistique.
La section Un Certain Regard a récompensé La Misteriosa Mirada del Flamenco de Diego Céspedes, une œuvre captivante qui mêle mystère et tradition. Le Prix du Jury est allé à Un Poeta de Simón Mesa Soto, tandis que le Prix de la Mise en Scène a été attribué aux frères Arab & Tarzan Nasser pour Once Upon a Time in Gaza, une fresque poignante sur la vie en territoire palestinien. Les performances d’acteurs ont également été saluées : Frank Dillane a reçu le prix du Meilleur Acteur pour Urchin, et Cleo Diára celui de la Meilleure Actrice pour O Riso e a Faca. Le Meilleur Scénario a été décerné à Pillion de Harry Lighton, marquant une première réalisation prometteuse.
La Caméra d’Or, récompensant le meilleur premier film, a été attribuée à The President’s Cake de Hasan Hadi. Ce film irakien a été salué pour sa narration audacieuse et sa capacité à capturer l’essence d’une société en mutation.
La Cinef, dédiée aux films d’école, a mis en avant de jeunes talents prometteurs. Le Premier Prix a été décerné à First Summer de Heo Gayoung (KAFA, Corée du Sud). Le Deuxième Prix est allé à 12 Moments Before the Flag-Raising Ceremony de QU Zhizheng (Beijing Film Academy, Chine). Le Troisième Prix a été partagé entre Ginger Boy de Miki Tanaka (ENBU Seminar, Japon) et Winter in March de Natalia Mirzoyan (Estonian Academy of Arts, Estonie).
Le Prix CST de l’Artiste-Technicien a été attribué à Ruben Impens, directeur de la photographie, et Stéphane Thiébaut, mixeur, pour leur travail remarquable sur le film Alpha réalisé par Julia Ducournau. Le Prix CST de la Jeune Technicienne de Cinéma a honoré Éponine Momenceau, cheffe opératrice image du film Connemara réalisé par Alex Lutz, pour la finesse et la subtilité de son travail visuel.
Le Trophée Chopard, récompensant les révélations féminines et masculines du cinéma, a été remis à Marie Colomb et Finn Bennett. Cette distinction souligne leur talent prometteur et leur contribution significative au paysage cinématographique contemporain.
La Palm Dog, prix parodique célébrant la meilleure performance canine à l’écran, a été décernée à Panda, un chien islandais vedette du film The Love That Remains de Hlynur Pálmason. Bien que Panda n’ait pas pu assister à la cérémonie, un sosie local a accepté le prix en son nom, ajoutant une note légère et chaleureuse à la clôture du festival.
Le Festival de Cannes 2025 a été marqué par des choix audacieux et engagés, mettant en avant des œuvres qui interrogent notre monde et ses contradictions. De la dénonciation de l’oppression politique à l’exploration des identités plurielles, en passant par la célébration de la solidarité et de la résilience, cette édition a confirmé le rôle essentiel du cinéma comme miroir critique de nos sociétés. Sous la présidence de Juliette Binoche, le jury a su récompenser des films qui allient exigence artistique et engagement humaniste, offrant ainsi une édition mémorable et inspirante.
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