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Trump Braque Hollywood : 100 % de taxe sur les films tournés à l’étranger

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Donald Trump a annoncé l’instauration d’une surtaxe de 100 % sur tous les films produits à l’étranger et diffusés aux États-Unis. Volontiers présenté comme un « remède » pour « sauver » une industrie hollywoodienne « en train de mourir » , ce nouveau coup de menton s’inscrit dans la stratégie protectionniste et électoraliste du président. Aussitôt, des voix s’élèvent, en France et ailleurs, pour dénoncer ce « coup de pression » politico-économique et anticiper son retentissement international et culturel.


La machine Hollywood tremble. Depuis les jardins de la Maison Blanche, Donald Trump a posté sur Truth Social une déclaration tonitruante, affirmant que l’industrie cinématographique américaine est « en train de mourir très rapidement » sous l’effet d’incitations étrangères et qu’il « entame immédiatement le processus d’instauration de droits de douane de 100 % » .


Selon Le Monde, le président décrivait ces mesures comme un « effort concerté de la part d’autres nations » et une « menace pour la sécurité nationale » . En clair, Trump dénonce une fuite des tournages vers l’étranger – de l’Irlande au Canada en passant par la Nouvelle-Zélande – provoquée par les crédits d’impôt locaux, et menace de taxer lourdement tout film étranger distribué sur le sol américain. Comme souvent, la démarche s’accompagne d’un vocabulaire martial :

– clamait-il, reprenant la formule du « Make America Great Again » .

Cette nouvelle surtaxe se présente moins comme un simple dossier économique que comme un acte de campagne : elle flattera le thème du « vote national » cher à l’aile droite de l’électorat, en affichant une posture de bataille pour « défendre nos industries » et « nos valeurs » culturelles contre des « ennemis étrangers ».

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Réactions internationales et riposte mondiale

Le monde du cinéma mondial bruisse déjà de cette annonce. Aux États-Unis même, Hollywood – producteurs, scénaristes, techniciens – s’inquiète d’une mesure aux répercussions considérables. Sur les plans diplomatique et commercial, les alliés américains réagissent vivement.


Australie : Le gouvernement australien a exprimé son inquiétude face à cette mesure, soulignant que l'industrie cinématographique locale, qui a attiré plus de 2 milliards de dollars de productions depuis 2015, pourrait être gravement affectée. Le ministre des Affaires intérieures, Tony Burke, a déclaré que le gouvernement soutiendrait fermement le secteur cinématographique national face à cette menace :


Nouvelle-Zélande : Le Premier ministre Christopher Luxon a indiqué que son gouvernement attendait des détails supplémentaires sur la politique, tout en réaffirmant son engagement envers l'industrie cinématographique néo-zélandaise, qui génère 3,5 milliards de dollars néo-zélandais par an, dont environ un tiers provient de clients américains.

Ces deux pays ont accueilli de grands tournages (plusieurs films Marvel, la saga Seigneur des anneaux, etc.) et disposent d’incitations fiscales attrayantes ; une taxe US à 100 % sur les films tournés là-bas reviendrait à frapper leurs recettes cinématographiques.


Espagne : Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a qualifié la décision de Trump de "mesure sans précédent" et "d'attaque unilatérale contre les relations commerciales mondiales". Il a souligné que

Pour atténuer l'impact des tarifs américains sur l'économie espagnole, Sánchez a annoncé le déploiement immédiat d'un plan de relance économique de 14,1 milliards d'euros.


Royaume-Uni : Là où ont été tournés Deadpool & Wolverine ou Gladiator II, a fait état de sa « stupéfaction ». Londres rappelle qu’en 2023 ces grosses productions ont tourné en Grande-Bretagne et profitent des aides fiscales locales – or le secteur employait 195 000 personnes pour un chiffre d’affaires annuel de plus d’1,3 milliard de livres.


Chine : Deuxième marché mondial pour l'industrie cinématographique, a déjà réduit ses importations de films hollywoodiens en réponse à des mesures similaires précédentes. Le 29 Avril 2025, Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré dans une video intitulée "Never Kneel Down!":

Cette nouvelle taxe pourrait exacerber les tensions commerciales entre les deux pays et inciter la Chine à renforcer son propre secteur cinématographique national.


La guerre des devises culturelles s’étend : de Bruxelles à Canberra, on murmure le mot « représailles ». En cas de mise en œuvre, l’Union européenne pourrait redéployer sa taxe GAFA (ou en créer une nouvelle) pour viser les géants du streaming américains, tandis que la France renforcerait ses quotas de diffusion de films européens. Tous craignent un effet boomerang, comme le note l’expert William Reinsch (CSIS) :

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Conséquences économiques et culturelles

L’ampleur des enjeux économiques est difficile à surestimer. Selon Ampere Analysis, les dépenses mondiales de production de contenus audiovisuels devraient atteindre 248 milliards de dollars en 2025 . Or, 50 % environ des budgets des films et séries majeurs initiés aux États-Unis étaient dépensés hors-sol américain en 2023 , attirés par des crédits d’impôt régionaux. Dans le même temps, la production hollywoodienne traditionnelle baisse : à Los Angeles, capitale historique du cinéma, le nombre de tournages a chuté de près de 40 % en dix ans . Les studios américains ont donc pris l’habitude d’aller filmer au Canada, au Royaume-Uni, en Australie ou en Europe centrale pour faire baisser leurs coûts et profiter de nouvelles infrastructures. La flambée des taxes américaines pourrait briser cette dynamique.


La logistique des tournages pourrait être directement touchée. L’apparition de camions lourdement signalés « USA » sur les tournages en Europe ou en Australie pourrait déclencher de nouvelles négociations entre pays. Parmi les grandes productions annoncées, plusieurs ont profité de ces partenariats internationaux : Deadpool et Wolverine et Wicked ont tourné au Royaume-Uni, Gladiator II en Australie, etc. Taxer ces films, c’est menacer les revenus générés par les parcs d’attractions, les avant-premières et la vente ultérieure des droits (streams, chaînes étrangères). Les géants du streaming comme Netflix, Disney+ ou Apple TV+, qui investissent chaque année des milliards dans la production mondiale, seront aussi pris dans la tourmente.


L’inquiétude des plateformes : Netflix, Disney+ ou Amazon Prime Video « pourraient répercuter » les hausses de coûts sur les abonnés européens . En France, on redoute que l’indemnisation de la taxe américaine pèse sur les chaînes câblées et VOD. Par ailleurs, nombre de films à gros budget sont coproduits avec des partenaires européens – par exemple via le fonds Eurimages ou le crédit d’impôt français – pour amortir les risques. Ce filet de sécurité financier pourrait se déchirer : un producteur américain renégociera-t-il un contrat de coproduction si, de l’autre côté de l’Atlantique, ses recettes étaient fortement taxées ?

Sur le plan culturel, la mesure aurait un effet profond : elle viendrait limiter artificiellement l’accès du public américain aux films étrangers – tout comme la Chine contrôle déjà sévèrement l’accès de son marché aux films américains. Dans l’immédiat, on observera si Trump veut s’en prendre seulement aux films sortis en salles ou aussi aux contenus sur les plateformes (seront-elles taxées au prorata de leur coût de production ou de leur audience ? ). Le flou règne. Ce flou profite pour l’instant au politicien en campagne : en agitant l’épouvantail des « quotas étrangers » – rappelant au passage les quotas européens – Trump cherche à séduire l’électorat de la « droite culturelle » en se posant en défenseur du « cinéma américain » traditionnel .

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Implications pour la France et l’Europe

Sur notre continent, les réactions se font déjà entendre. Les partisans de la culture européenne soulignent que l’échec de cette mesure pourrait laisser plus de place aux films locaux sur les écrans américains. D’autres s’inquiètent du renchérissement potentiel des plateformes américaines : en France, Netflix est l’un des principaux financeurs des productions nationales issues des SVoD – ayant soutenu 45 films en 2024, contre 39 en 2023, pour 76 millions d’euros investis – tandis que Disney+, Prime Video et Max apportent également leur contribution. Toute taxe accrue aux États-Unis sur le contenu étranger risque donc de se répercuter indirectement sur les budgets de ces plateformes et, in fine, sur le portefeuille des abonnés européens.


Par ailleurs, l’exécutif français se positionne déjà dans un rôle de veille. La porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a évoqué une riposte européenne en deux temps face aux surtaxes américaines : d’abord sur les biens industriels, puis éventuellement sur les services numériques peu ou pas encore taxés . En clair, l’Union européenne pourrait décider d’étendre ou de durcir sa « taxe GAFA » existante pour inclure de nouveaux acteurs comme les plateformes de streaming américaines. De telles mesures feraient écho directe à l’offensive de Washington, transformant ce différend commercial en un bras de fer technologique et culturel transatlantique.


En résumé, la France et l’Europe sont face à un dilemme : d’un côté, elles partagent la crainte du protectionnisme américain et la volonté de défendre l’accès à un marché ouvert du cinéma et de l’audiovisuel ; de l’autre, les États-Unis restent un marché stratégique pour nos industries culturelles. Plusieurs festivals, tournages et projets en cours pourraient être impactés. Par exemple, les coproductions franco-américaines – qui ont permis au cinéma français d’atteindre un public plus large – pourraient devoir être renégociées si les producteurs américains anticipent de nouvelles taxes en fin de chaîne.

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Perspectives

Cette annonce de Trump lance un nouveau chapitre de la guerre commerciale «hollywoodienne ». À moyen terme, le scénario le plus probable est une forme de bras de fer diplomatique : retardements ou exemptions partielles pour certains projets, négociations bilatérales (l’UE négociant un protocole pour les cinémas), voire ripostes échelonnées.



Cependant, la multiplication de ces mesures protectionnistes dans d’autres domaines (technologie, agriculture, automobiles) suggère que Trump avance par petits coups stratégiques. Ce nouveau « coup de théâtre » soulève plusieurs questions pour la suite : si cette taxe ne passe pas, faudra-t-il en inventer une autre ? Si les États-Unis ferment leurs frontières culturelles, comment l’Europe adaptera-t-elle sa propre politique cinématographique ?

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